Quand la pudeur affecte la sexualité du couple
Quand la pudeur affecte la sexualité du couple
Laurent Certain
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La pudeur… c’est un facteur dont on ne parle pas souvent mais qui pourtant peut impacter notre sexualité. Oser, ne pas oser… que va penser l’autre ?
Nous allons essayer d’en décortiquer le mécanisme.
La relation naissante, le nouveau couple
Lorsque nous nous
engageons dans la relation de couple, nous connaissons une période
plus ou moins longue (6 mois, 2 ans…) qu’on appelle « état
amoureux ». Une période durant laquelle nous voyons tout en
rose, où rien ne semble accrocher, où nos différences ne semblent plus en être. Une espèce d’unisson boosté à la dopamine et à
l’ocytocine, les hormones du bonheur et de l’amour.
Dans cette même période, chacun des partenaires aura à cœur de se présenter sous son meilleur jour, va faire des efforts, cacher un peu ses travers et aussi certaines envies.
Ici c’est bien aux envies que nous allons nous intéresser, et plus particulièrement aux envies liées à la sexualité.
La sexualité, chacun sa vision
C’est un fait, chacun a
sa vision de la sexualité...certains vont l’aimer douce et tendre,
y voir une sublimation physique de leur amour, une sorte de communion
du corps et de l’esprit . D’autres vont l’envisager plus
débridée, comme un jeu, presque un loisir et voudront en explorer
toutes les facettes.
Si l’on devait la scinder en deux
catégories seulement,il y aurait la « sexualité du
sentiment » et la « sexualité du jeu ». En
caricaturant un peu, nous pourrions même parler d’une sexualité
« angélique » et d’une sexualité « diabolique » !
Il est évident que cette classification est très manichéenne, trop pour refléter l’exacte réalité des choses puisque ces deux tendances peuvent s’interpénétrer, évoluer au fil du temps et au gré des envies. Il ne s’agit donc que de tendances, d’une classification nécessaire à la compréhension de ce qui va suivre.
Concrètement
Il lui plaît, elle lui plaît. Chacun prend plaisir à la conversation de l’autre, on apprécie son humour, sa philosophie de vie… en un mot, tous les drapeaux sont au vert ! Ne reste plus qu’à se découvrir dans l’ « intimité », cet accord ultime des corps après celui des esprits.
Il est bien rare que nous ne ressortions pas charmés de ce premier contact, c’est humain et logique.
Logique parce que nous sommes précisément dans cet état amoureux ! Nous sommes reconnaissants de la confiance que nous accorde l’autre en nous livrant son intimité, nous sommes sous le choc émotionnel et sensuel de la découverte de nos corps, le rythme cardiaque s’accélère. En un mot, nous sommes submergés par des émotions fortes, bien trop fortes pour que nous puissions ressentir avec objectivité !
Ce n’est que plus tard, quand l’émotion se sera assagie, que nous serons en capacité de le faire.
Ange ou démon ? La prise de conscience
Nous voilà maintenant dans le vif du sujet. Le brasier de la nouveauté s’est un peu calmé, et les deux partenaires prennent doucement conscience que leurs modes de fonctionnement sont différents, que les moteurs de l’excitation sexuelle ne sont pas les mêmes pour l’un et pour l’autre.
Vont-ils en parler ? Certains oseront, d’autres pas. C’est précisément à ces derniers, ceux qui n’osent pas, que nous allons nous intéresser.
Pourquoi n’osent-ils pas ? Justement par pudeur. On a peur de choquer l’autre. Pas facile lorsqu’on se sent « démon » d’avouer ses envies et ses fantasmes à son « ange » ! ne va-t-il(elle) pas me prendre pour un (une) dépravé(e) ? l’ange ne va-t-il prendre peur et se refermer comme une huître ? Donc on se dit : c’est trop tôt, j’oserai plus tard…
Plus tard. J’oserai plus tard… ou pas !
… ou pas ! Car il est possible que le plus tard n’arrive jamais.
On croit souvent qu’ avec les années, vont se développer dans le couple, une connaissance de soi et de l’autre, une confiance et une complicité qui permettront de tout dire et tout entendre...c’est effectivement ce qui se passerait dans le plus parfait des scenarios, pourtant c’est rarement le cas. Dans le cadre de mes consultations, je suis plus souvent confronté au phénomène inverse : ceux qui n’ont pas osé dire les choses au début de la relation, de peur de choquer l’autre (qui selon eux « n’était pas encore prêt »), finissent par s’enfermer dans un rôle, à s’installer dans un fonctionnement qui ne leur convient qu’à moitié.
On donne à voir à l’autre un personnage « policé », « édulcoré » qu’on n’ose pas remettre en question par pudeur.
Les années passant, cette pudeur s’installe, les non-dits se cristallisent, un peu comme un abcès qui faute d’avoir été percé, finirait par s’indurer.
Comment la pudeur et les non-dits affectent notre sexualité
La pudeur. Voici ce qu’en dit le dictionnaire :
1.
Sentiment de honte, de gêne qu'une personne éprouve à faire, à envisager des choses de nature sexuelle ; disposition permanente à éprouver un tel sentiment.
2.
Gêne qu'éprouve une personne délicate devant ce que sa dignité semble lui interdire.
Honte, gêne, dignité… on comprend vite l’incompatibilité de ces 3 mots avec une sexualité épanouie qui justement, requiert confiance, liberté et complicité !
La pudeur est l’exact contraire du lâcher-prise, ce fameux lâcher-prise dont on sait qu’il est la clé de l’épanouissement sexuel et par extension, de l’épanouissement du couple jusque dans son quotidien.
Ces couples qui, faute d’avouer leurs
désirs et leurs attentes, se résignent à vivre une sexualité en
demi-teinte, pourraient bien s’exposer à la morosité, à la
déception, à la rancœur. Faute d’avoir su entretenir cette
complicité ils prennent le risque de voir basculer leur relation
dans l’indifférence. Le couple devient une simple cohabitation.
Vous trouvez que je noircis le tableau ? Peut être un
peu, mais si peu… Il faut bien comprendre que la sexualité rayonne
bien au-delà du simple acte sexuel, elle contribue à renforcer la
complicité, à faire tomber les tensions et facilite le dialogue.
Autant de facteurs qui vont rejaillir sur le quotidien du couple, des
taches ménagères aux vacances en passant par l’éducation des
enfants !
C’est donc un constat, la sexualité est l’Alpha et l’Oméga de la vie de couple, les désaccords sexuels aussi, qu’ils soient la cause ou la conséquence des conflits du couple.
Ce qui au départ, n’était qu’un simple petit problème de pudeur, peut à terme déboucher sur un conflit qu’on n’attendait pas. Une sorte d’effet papillon ! Ce sont des conséquences qu’on peut facilement éviter pour peu qu’on veuille bien s’en occuper.
Comment s’en sortir ?
Ça n’est pas très difficile : en parlant !
Là, vous avez sans doute l’impression que j’enfonce une porte ouverte ? Vous n’avez pas tort, dans la réalité, les choses ne sont pas aussi simples puisque le cœur du problème est bien votre « incapacité » à parler. Ce que vous n’avez pas réussi à faire jusqu’alors, il y a peu de chances que vous y parveniez aujourd’hui, c’est là le propre de ce qui nous occupe ici : la PUDEUR !
C’est ici que le thérapeute va pouvoir vous aider : ce que vous n’osez pas faire, lui aura la capacité de le faire. Il saura faire émerger ce que la pudeur avait enfoui, vos désirs, vos attentes, et pourquoi pas vos fantasmes ! Vous découvrirez peut être que l’autre, au fil des années, aura développé ces mêmes envies ?
Ce que vous n’avez jamais osé faire ou mettre en pratique, deviendra possible sous couvert de la prescription du thérapeute. La responsabilité ne vous incombera plus à vous mais à lui ! Tout devient plus simple.
Comment se déroule la séance chez le thérapeute ?
Chez mes confrères je ne saurais vous le dire mais voici comment moi je procède :
Je prévois une séance longue d’environ 3 heures, séance au cours de laquelle je reçois déjà le couple (pour exposer la problématique), puis je consulte individuellement l’un et l’autre afin que chacun puisse parler de ses propres ressentis et de ses attentes. Enfin je revois le couple afin de faire la synthèse et de mettre en place la prescription.
Votre
bonheur vaut bien trois petites heures de consultation, j’en suis
persuadé !
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