L’infidélité, Comment la vit-on ? Peut on pardonner ? Quelles leçons en tirer ?
L’infidélité
Comment la vit-on ? Peut on pardonner ? Quelles leçons en tirer ?
Laurent Certain
https://g.page/r/CbuLxpMP1KFZEBM/review
L’infidélité… un mot qui cristallise toutes les peurs et les suspicions du couple. Un mot qui fait des ravages et qui nous fait sombrer au plus profond de la tristesse et de la colère.
Un mot qui n’admet que deux options : pardonner ou ne pas pardonner.
L’infidélité en question
Des chiffres qui en disent long…
En 1970, 30 % des hommes et 10 % des femmes avouaient avoir été infidèles.
En 2001, ces chiffres grimpaient à 39 % pour les hommes et 24 % pour les femmes.
Aujourd’hui ils atteignent 48 % pour les hommes et 37 % pour les femmes !
Qu’est ce qui peut bien expliquer une telle explosion de l’ infidélité ? Il n’y a pas qu’une et une seule cause mais sans doute un ensemble de facteurs favorisant ce phénomène.
On s’aperçoit qu’entre 1970 et 2023 le taux d’infidélité a été multiplié par 1,6 pour les hommes et 3,7 pour les femmes. Sans doute faut-il voir dans ces chiffres les effets de la libération sexuelle post-70, et surtout, ceux de la « libération de la Femme ».
C’est dans cette période que la sexualité a osé s’imposer dans le quotidien et se libérer des tabous et non-dits qui l’étouffaient jusqu’alors. Le plaisir devenait un droit revendiqué par tous et principalement par les femmes qui jusqu’alors, s’étaient vu cantonnées pour la plupart, dans une sexualité « au service » des hommes. Si l’on n’hésitait pas à parler de « besoins » physiologiques pour la sexualité masculine, la libido féminine elle, était tue, cachée, quand on ne la faisait pas passer pour un... dérèglement hormonal !
Partant de là, le plaisir sexuel qu’on ne connaissait pas ou plus dans son couple, il devenait légitime d’aller le chercher ailleurs.
La désaffection du mariage et l’habitude de l’union libre ont peut être contribué dans une certaine mesure, à ce phénomène ? n’étant pas mariés, peut être se sent-on plus libres ? l’adultère n’en étant plus un devant la loi, plus de risque de divorce aux torts du fautif.
Enfin une technologie qui a grandement facilité les choses ! Du téléphone portable depuis lequel il est si facile d’envoyer un discret SMS au collègue de bureau, à Internet qui fleurit en sites de rencontre, dont certains dédiés à l’adultère, mais aussi en réseaux sociaux et messageries de toutes sortes. Le contact est non seulement facilité mais les audaces sont désormais permises à tous, jusqu’aux plus timides ! On se sent à l’abri derrière un écran… finie la prise de risques de la confrontation frontale avec la copine qu’on sait mariée, on entame le dialogue avec un discret bisou par texto puis, on dérive si la chose semble possible, vers le sexto. La suite est logique et sans surprise.
Pourquoi est-on infidèle ?
Il serait bien difficile de dresser une liste exhaustive des raisons de l’infidélité. Chacun déjà, selon qu’il est « coupable » ou « victime », en aura une lecture différente. Ce qui pour l’un est un petit coup de canif au contrat, devient pour l’autre un massacre à la tronçonneuse !
Essayons quand même d’en dégager les quelques grandes raisons.
- Une interprétation différente de la relation de couple ou un engagement qui n’est pas identique.
On le sait bien, au sein du couple, l’attachement entre les deux partenaires n’est pas toujours identique, même si on voudrait l’oublier ! Il est donc parfaitement possible qu’un des partenaires n’ait jamais vraiment envisagé le caractère exclusif de la relation, quelles que soient les résolutions et promesses du début. Il est donc tout à fait possible que l’un ou l’autre continue ce « papillonnage » sans y voir pour autant autre chose qu’une activité sans grandes conséquences. Ça ne veut pas forcement dire qu’on n’est pas attaché à son partenaire, non, il s’agit plus ici d’un mode de fonctionnement du type « amour libre », si ce n’est qu’ici, ce choix est ...unilatéral !
- La lassitude, le besoin de se sentir vivant, le temps qui passe
Vous avez sans doute déjà entendu parler de la « crise de la quarantaine » ? cette période durant laquelle on semble retomber en adolescence et vivre une deuxième émancipation.
Ce n’est pas un hasard si le taux d’infidélité atteint un pic dans la tranche d’age 40/50 ans.
Entre 40 et 50 ans le couple est généralement « installé », carrière, maison, enfants grandissants…Pour les femmes c’est aussi le temps de la ménopause. Une ménopause vécue très différemment d’une femme à l’autre d’ailleurs. Si certaines y voient une déchéance (je ne pourrai plus être mère, je perds mon statut de femme procréatrice) d’autre l’envisagent comme une libération (je n’aurai plus à subir le cycle menstruel ni à me soucier de contraception). Deux façons d’envisager l’événement qui pourtant débouchent sur un même désir : vivre. « Vivre quand même » pour les premières, « vivre enfin » pour les secondes.
40/50 ans, c’est aussi le temps du bilan, de la conscience du temps écoulé et du temps qui reste. C’est aussi le temps des questions existentielles : ma vie est elle celle que j’ai voulue ? Ai-je vécu tout ce que je pouvais vivre ? Aurai-je des regrets ?
Au rang de ces possibles regrets l’acte charnel arrive en bonne place. Soit qu’on ait connu avant notre relation de couple, des étreintes « épicées » dont on aimerait retrouver la saveur, soit qu’on en ait justement pas connu et qu’on en nourrisse le regret. On en arrive à ressasser cette idée fixe : le temps passe. Ce que je ne vis pas aujourd’hui, je ne pourrai plus le vivre plus tard.
Le fameux Carpe diem… certains y résistent, d’autres pas.
Pour résumer la chose, l’infidèle voit dans cet acte bien plus que l’assouvissement d’un désir sexuel. L’acte devient une preuve. La preuve qu’on « peut » encore, qu’on plaît encore. La preuve qu’on est encore vivant. C’est une façon de conjurer le sort du temps qui passe et notre fin inéluctable.
-L’insatisfaction
Cette notion peut être très liée à la précédente mais elle est beaucoup plus tangible, le problème n’est plus vraiment d’ordre existentiel mais s’ancre dans un présent bien réel : je ne peux plus me satisfaire de ce que m’offre l’autre.
Un constat qui prend la forme d’un carrefour avec plusieurs direction possibles :
‣ je subis ‣ je quitte ‣ je trompe
Subir c’est faire le choix de passer le reste de sa vie dans l’aigreur et le ressentiment. C’est triste et c’est stérile. C’est malheureusement le choix de beaucoup, qui restent ensemble pour les enfants, pour la maison... quelquefois par simple principe.
Quitter semble dramatique. Pourtant ce n’est sans doute pas la pire des solutions lorsque le désamour et les conflits se sont installés et quand toutes les tentatives de reconnexion sont restées vaines.
Tromper est la voie choisie par ceux qui ne veulent ni subir ni quitter. C’est à ceux là que nous allons nous intéresser. Mais attention, ne nous méprenons pas, si l’adultère est bien synonyme de rapports sexuels hors couple, la cause n’est pas obligatoirement une insatisfaction sexuelle. Il peut tout aussi bien s’agir de conflits de couple liés au quotidien ou au caractère. Dans ce cas, l’insatisfaction sexuelle est induite par ces conflits, elle n’en est pas l’origine.
Le partenaire trompé a souvent tendance à juger l’adultère à l’aune de la seule sexualité : il (elle) me trompe, c’est donc que je ne le (la) satisfais pas sexuellement.
Si c’est évidemment une possibilité,ce n’est pourtant pas la seule.
La personne qui trompe par insatisfaction, a ce sentiment de ne plus exister dans sa relation, il ne se sent plus « vivant ». Cette vie qu’il ne trouve plus dans son couple, il va chercher à la retrouver ailleurs par le biais du rapport sexuel, quintessence s’il en est, de la pulsion de vie.
Enfin, l’infidélité peut également n’être qu’un signal d’alarme (conscient ou pas), un électrochoc destiné à faire comprendre à l’autre que le couple dysfonctionne et qu’on attend une réaction.
Comment vit-on l’infidélité de l’autre ?
Souvent comme un drame, quand on la découvre. Mais comment pourrait-il en être autrement ? En l’espace d’un instant on se sent renié, trahi et abandonné !
L’amour, la confiance et la complicité, ces fondations du couple qu’on avait bâties depuis des années, volent en éclats et retombent en poussière…
Beaucoup de sentiments se mêlent : l’incompréhension d’abord, le coup de masse de la surprise, même si l’on sait la chose possible, on ne veut pas y croire.
La colère ensuite, on extériorise sa souffrance, on aimerait faire souffrir l’autre autant qu’il nous fait souffrir… on cherche les mots qui blessent (fiche le camp ! tu me dégoûtes ! Etc…).
S’ensuivent la tristesse et le sentiment d’abandon. On prend conscience petit à petit, de ce que représente l’événement, de ce que cela va induire dans notre vie tout entière.
Puis vient le temps de la réflexion, les questions se bousculent, « l’autre ne m’aime-t-il plus du tout ? », « est-il amoureux de cet autre ou ne s’agit-il que d’une aventure ? », « suis-je prêt(e) à vivre sans lui (elle) ? » et enfin « dois-je essayer de le (la) retenir ? » et surtout, « suis-je prêt (e) à lui pardonner ? »
Peut-on pardonner ? Peut-on reprendre une vie de couple ?
Le pardon est toujours possible. Reprendre une vie de couple aussi, à la condition que l’infidélité en question ne soit qu’une simple aventure. Si l’infidèle est éperdument amoureux de ce nouveau partenaire et s’ils envisagent l’un et l’autre de vivre ensemble, il faut se rendre à l’évidence et abandonner cette idée. Si malgré tout vous y parveniez, ce serait à coup sûr pour de mauvaises raisons (les enfants, la famille, la maison etc...)et vous passeriez le reste de votre vie dans la peur et la suspicion.
L’aventure et la simple incartade elles, peuvent-être pardonnées même si ça n’est pas facile. Il faut faire preuve de grandeur d’âme et d’humilité pour y parvenir. En France on sait que sur 3 couples confrontés à l’infidélité, 2 finissent par se séparer.
D’autres chiffres donnent raison à l’adage « faute avouée est à moitié pardonnée », en effet, on enregistre 45 % de divorces lorsque l’infidélité est avouée contre 86 % quand le forfait est découvert par le conjoint ! On ne peut que constater : les Français n’ont pas le pardon facile, surtout quand à la trahison vient s’ajouter le mensonge.
Quoiqu’il en soit, le pardon reste possible. Il nécessite une vraie volonté de dialogue et un réel travail de questionnement sur soi.
La première chose à faire est déjà d’écouter l’autre, d’entendre sinon de comprendre, ce qui l’a poussé à l’infidélité. C’est un exercice difficile, l’affect va s’en mêler et des bouffées de colère risquent de remonter rendant tout dialogue impossible. Je ne saurais trop vous conseiller de vous adjoindre le concours d’un thérapeute ou d’un conseiller conjugal pour y parvenir.
Enfin, essayez d’y voir clair en vous même, demandez vous avec honnêteté si cette douleur que vous ressentez, ne relève pas plus de l’amour-propre que de l’amour tout court. La nuance est d’importance si vous souhaitez « relativiser » l’événement et tenter de pardonner.
L’amour-propre dans le domaine amoureux, confine souvent à la possessivité, à l’égoïsme et à l’égocentrisme. « Tu es à MOI, tu dois te satisfaire de MOI, le seul qui doit compter pour toi c’est MOI ». C’est le sens de l’amour-propre, « propre » est à prendre dans le sens « tourné vers moi », c’est donc l’ « amour de MOI ».
Analysé à froid, dégagé de toute notion de souffrance personnelle, on ne peut que se rendre à l’évidence : l’amour propre dans ce contexte, n’est pas un sentiment ni positif ni légitime. On ne possède pas l’autre, pas plus qu’on lui dénie le droit d’exister en dehors de nous !
Si vous parvenez à avoir cette intelligence du cœur et de l’esprit, sans doute parviendrez vous à pardonner et comprendre.
Quelles leçons peut-on tirer de l’infidélité ?
Car oui, on peut tirer des leçons de l’infidélité. On pourrait même en poussant un peu, y voir un bénéfice !
Soyons honnêtes, après 10, 15 ou 20 ans
d’existence, le couple a tendance à s’endormir sur ses lauriers.
On finit par considérer l’autre comme définitivement acquis, les
efforts et la séduction deviennent rares tant cela nous semble
superflu. Le couple s’installe alors dans un confort routinier, une
aimable cohabitation dépourvue de reliefs. Certains peuvent s’en
satisfaire…
En revanche il suffit que ce fonctionnement ne
convienne pas à un seul des deux pour que la douce mécanique
s’enraye.
À ce stade deux solutions : soit le couple décide de faire face à 2 et se fait aider, soit un seul a cette conscience et cette volonté, l’autre ne voyant pas le problème, et on laisse faire le destin.
Soyons clairs, la théorie du « ça finira bien par s’arranger » ne fonctionne jamais. Ce qui pourrait être changé en agissant rapidement, devient un véritable bourbier si on laisse pourrir la situation.
Il arrive qu’en s’en remettant au destin, le destin prenne la voie de l’infidélité. Quand je parle de « bénéfice », je sais bien qu’il est difficile de l’envisager sous cet angle lorsque nous sommes la victime. Cependant cet événement, pour douloureux qu’il soit, aura le mérite de réveiller celui ou celle qui ne voulait pas voir ! c’est peut être grâce à ça, à cette prise de conscience forcée, que votre couple pourra réagir et agir !
Commentaires
Enregistrer un commentaire