Couple et libido : un appétit... pas toujours identique !

 


                                                    Couple et libido

                                  un appétit... pas toujours identique !

                                                                  Laurent Certain


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L’ « appétit »… Une problématique qui revient souvent lors des consultations…

Chacun devant son assiette, fourchette en main, si Cédric et Julie n’ont pas un appétit identique, ça ne pose en général pas vraiment de problèmes. Il y a peu de chances que le phénomène dégénère en conflit. Peu de chance que ça remette en question l’existence même du couple.

Malheureusement, ce qui vaut pour la table, ne vaut pas pour le lit. C’est ainsi qu’un problème qui pourrait être anodin, en arrive à dégénérer en véritable affrontement !



Chacun a-t-il la même libido ?


Pas nécessairement.

Il faut cependant tordre immédiatement le cou à une idée reçue, qui voudrait différencier la libido des femmes de celle des hommes ! Des femmes qui seraient avant tout mues par le cérébral, par les sentiments, et des hommes qui eux, seraient la proie d’un « besoin » impérieux, d’une espèce de nécessité animale !

Il y a fort à parier que cette énormité prenne racine dans des millénaires de culture patriarcale et dans une morale fabriquée par les hommes pour les hommes…

En plantant ces principes, il était facile pour l’homme de s’exonérer de ses éventuelles infidélités, comme il était tout aussi simple de mettre à l’index la femme qui l’aurait imité !

Donc NON il n’y a pas de différence entre les hommes et les femmes. Leur libido est identique.

En revanche il peut y avoir un décalage au niveau de notre calendrier biologique : Si les hommes ont une libido très forte jusqu’à 40/50 ans, passé ce cap elle a tendance à s’assagir (je n’ai pas dit s’éteindre). À contrario, beaucoup de femmes au même age, semblent renaître à la sexualité, tout à coup libérées des charges de procréation et de maternité !

Ce phénomène explique pourquoi lors des consultations, les rôles peuvent s’inverser selon l’age des patients.




Alors, qu’en est il de ces différences de libido ? d’où peuvent-elle provenir ?


S’il existe des personnes asexuelles, pour qui la sexualité n’a vraiment aucun intérêt, le cas de ces personnes (dont l’asexualité est avérée) est assez rare. Je ne traiterai pas de ce sujet qui mérite qu’on s’y consacre exclusivement.

Nous nous intéresserons ici à ces personnes qui éprouvent du plaisir dans l’acte mais dont l’envie fait défaut (et se trouvent en décalage avec leur partenaire).                                     La plupart des femmes et hommes qui connaissent ce manque d’appétit sexuel, ont le plus souvent une libido mise en sommeil, latente.

Les origines de ce manque d’envie peuvent être nombreuses pour ne pas dire infinies. Essayons de ne retenir que les plus évidentes :

- l’origine traumatique, qui peut (ou pas) remonter à l’enfance, qui peut (ou pas) être conscient. Il peut s’agir d’un abus sexuel, d’un souvenir traumatisant, d’un accident etc.

- la morale, à laquelle on peut associer l’éducation et la religion. Des principes qui peuvent prendre la forme d’injonction, d’interdits et vont nous empêcher de vivre pleinement le plaisir, d’où un intérêt qui logiquement s’estompe, voire disparaît.

- la maladresse, la méconnaissance de la sexualité, de son corps, de celui de son partenaire.

- l’absence de sens du jeu, de curiosité, l’installation d’une routine sur laquelle on n’ose pas revenir par timidité ou pudeur.


Autant de facteurs qui empêchent le fameux « lâcher-prise » ô combien nécessaire à une sexualité épanouie et par conséquence à l’ ENVIE !



Comment est vécu cette différence de libido au sein du couple ?


J’aurais tendance à répondre « dans l’incompréhension ». Je m’explique : Dans cette situation tout devient affaire de paradigme, de vision des choses.

Faisons revenir Julie et Cédric si vous le voulez bien ? Partons de l’hypothèse suivante : Julie a moins de libido que Cédric (c’est souvent dans ce sens là…). Julie et Cédric s’aiment, là n’est pas le problème.


- Cédric est en demande de sexe, Julie elle, ne se sent pas dans les mêmes dispositions. En revanche, un câlin-tendresse lui plairait bien…


- Cédric est d’accord, il prend Julie dans ses bras. Malheureusement, proximité aidant, Cédric est vite rattrapé par son envie de sexe et les caresses s’éloignent de la simple tendresse !


- Julie est un peu déçue et agacée, elle le signifie à Cédric. Cédric se sent un peu blessé et très frustré





Fin du premier épisode.Passons au lendemain, épisode 2 :


- Cédric veut prendre Julie dans ses bras


- Julie garde en mémoire l’épisode de la veille, « je sais comment ça va finir », elle s’échappe de l’étreinte sous divers prétextes.


- Cédric se sent repoussé et de plus en plus frustré. Ce sentiment va s’installer dans son quotidien, plusieurs fois dans la journée il se posera la question «  voudra-t-elle ce soir ? » et même « comment faire pour la décider ? ». Arrivera même un moment où le simple désir d’y parvenir, pourrait remplacer l’envie réelle !

À ce stade l’enjeu commence à se transformer, Cédric consciemment ou inconsciemment, va commencer à voir dans le refus une preuve du détachement de Julie.


- à l’inverse, Julie ne verra plus dans l’insistance de Cédric qu’un simple besoin d’assouvir ses envies de sexe au détriment de la tendresse. Donc le détachement amoureux de Cédric !



En résumé, chacun pense que l’autre s’éloigne, chacun se pense en désamour de l’autre alors qu’il ne s’agit le plus souvent, que d’incompréhension et de modes de fonctionnement différents :


- Cédric à besoin de faire l’amour, de se libérer de cette pression, pour pouvoir témoigner de la tendresse gratuite à Julie.


- Julie à besoin de tendresse gratuite pour se mettre dans une disposition qui lui donnera envie de faire l’amour avec Cédric.


Vous voyez mieux où se situe le cœur du problème ?

Si ce scenario est un peu caricatural, il reflète pourtant assez bien ce qui se passe dans la réalité du couple.







Comment se sortir du problème ?


Même s’il peut exister chez chacun au sein du couple, des libidos plus ou moins fortes, il est rare que la disparité soit telle qu’on ne puisse trouver un compromis et un équilibre.

Le malaise résulte surtout de cette incapacité à communiquer sur les enjeux, les fonctionnements et les attentes des partenaires. Et malheureusement, ce malaise va le plus souvent s’auto-alimenter !


Donc la solution est bien dans le dialogue. Dans l’aveu aussi. Entendre son ou sa partenaire nous dire qu’il nous aime mais qu’il n’a pas su nous le faire comprendre, fait du bien !

Se faire aider par un professionnel est quasi indispensable et ce, pour plusieurs raisons :

- même si chacun est conscient de la source du problème et plein de bonnes intentions, il est rare que l’affect ne vienne pas s’en mêler et qu’on ne soit pas tenté à un moment ou un autre, de se faire quelques reproches. Un thérapeute saura apaiser le débat et rendre les choses entendables.


- il sera le témoin neutre et bienveillant de votre parole et de vos résolutions.


- Il saura vous indiquer le chemin à prendre pour sortir de l’ornière, trouver avec vous l’équilibre qui vous convient, réparer la connexion émotionnelle et sensuelle abîmée.


Enfin, dites vous bien que vous ne serez sans doute pas le premier couple qu’il aide dans ces circonstances !


 

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